Samedi 14 et dimanche 15 mai, c’est-à-dire, dès demain, nous entamerons notre second week-end de tournage. Un moment particulier. Ces scènes marquent le retour à l’écran du personnage de Charles Jude. Voilà trois ans que ce n’était pas arrivé !
Pour tout amateur qui doute qu’une préparation méticuleuse de chaque tournage est nécessaire, et qu’on peut se lancer « à l’improvisade », ces deux séances représentent un bon contre-exemple. Pour deux raisons.
1. Déjà, nous allons devoir faire face, ce samedi, à un « tournage éclair ». Deux scènes à filmer en compagnie des bandits vannetais en moins de quatre heures… Mieux vaut que votre plan de bataille soit bien arrêté. Chacun a sa méthode. Du bout de papier gribouillé à la fiche technique détaillée, en passant par le story-board, voire à carrément « pré-tourner » sa scène en 3D… je n’ai jamais vu un court-métreur fonctionner de la même façon. Aucune solution n’est mauvaise. Mais il faut qu’elle soit adaptée.
Au fur et à mesure de nos petits tournages bricolés avec l’association Carpeta, j’ai commis pas mal de boulettes. Mais j’ai appris notamment que rien ne sert de gribouiller d’innombrables stories-board pour tourner des dialogues « posés » (deux personnes à une table par exemple). A contrario, si vous avez des plans, des « trucs » (travelling, smash cut…) dont vous avez envie, vous ne pourrez jamais faire l’impasse sur des tests, des gribouillis, des photos, etc. L’important (mais ça engage que mon humble et très limité avis), quand vous devez aller vite, c’est de clairement définir la « dominante » du tournage. Sur quoi insister, le « balet de plans » ou l’intensité des dialogues. Sur quoi je dois passer du temps, sur quoi je suis prêt à dire « tant pis », sur quoi je ne lâcherais rien (mais rien !)… Un exercice parfois délicat sur lequel on n’est pas toujours très à l’aise (aller décider en 15 s, si oui ou non vous supprimerez le travelling final…) qu’il vaut mieux anticiper…
2. On filme Charles Jude, demain. Ce que j’ignorais complètement, c’est les questions inhérentes à toute reprise d’un personnage déjà existant. On en prend à peine conscience mais, diable, que ça vous turlupine. Comment doit se conduire votre héros ? Doit-il rester l’identique copie de ce qu’il représentait la première fois ? Plus facile mais moins de surprise (moins de fun aussi sans doute). Ou devez-vous le faire évoluer ? Dans quel sens ? La grande mode en ce moment, c’est les personnages d’anti-héros.
Mais si, vous savez bien pour chaque nouveau projet de super-héros, (entre autres, parce qu’en France aussi on n’est pas les derniers en ce moment) on vous dit, « on a fait un Batman plus noir », « notre Superman sera beaucoup plus noir », « Spider-man va révéler son côté sombre »… Alors, nous, « y a pas moyen ». On changé le personnage pour qu’il corresponde davantage à son époque. Un phrasé plus « naturel », un poil plus de professionnalisme, de sérieux mais toujours beaucoup de gouaille. Bref, du « suranné joyeux ».
Là encore, il n’y a ni bon, ni mauvais choix, et encore moins de recettes magiques. Tout dépend de ce que l’on veut obtenir. Le cinéma regorge d’exemples et de contre-exemples. Prenez les « James Bond ». Peu d’évolution ou prou ont touché le personnage de Sean Connery, pourtant seul et unique 007 devant l’éternel (je n’engagerais pas de débat là-dessus). Au contraire, le Han Solo du premier Star Wars n’est pas celui de L’Empire contre-attaque. Même le sacro-saint Indy varie pas mal (timide à l’université dans le premier, très « Han Solo » dans le second, blasé dans le troisième… Caricatural dans le dernier).
Ce choix n’est pas juste une histoire de se prendre la tête entre geek avertis. De lui dépend les actions du personnage et donc la cohérence de l’histoire. Pour faire simple, il apparaît difficile de commencer avec un héros dépressif qui, deux scènes plus loin, allonge
les pains avec sourire et bonne humeur.
Bref, encore une insomnie en vue d’ici demain, samedi…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire