samedi 26 mars 2011

Un film, c’est comme un train…

"Alors, ça avance ?" Ecrire les scènes, demander les autorisations de tournage, s’organiser, trouver les costumes… Préparer une film, même amateur, comme Le Gang des ténèbres, c’est déjà toute une histoire. Avez-vous vu le documentaire Lost in la Mancha sur le tournage raté du Don Quichotte de Gilliam ? Un petit cours de cinéma « appliqué à la réalité » pour tous les cinéastes en herbe. Au début du film, l’un des assistants du réalisateur explique qu’un film… c’est comme en train. Une fois lancé, on espère que plus rien ne va l’arrêter. Problème d’accessoires, de budget, de temps, d’acteurs, même de scénario… Selon cette théorie, toute difficulté est balayée une fois la loco en marche. Attention, elles existent toujours. Mais elles sont « englobées » dans l’élan du tournage. L’important, c’est de commencer à shooter. Le reste viendra plus tard.

Pour Gilliam, bon, cela n’a pas fonctionné. Néanmoins, énormément de métrages appliquent cette théorie, qui est plus d’ailleurs un état d’esprit. Même les blockbusters. On a appris récemment que Sherlock Holmes a été lancé à la va-vite. Certaines difficultés ont trouvé solution le jour même de la scène. Dans le premier Indiana Jones (pour ne pas changer de référence…), de nombreux écueils identifiés lors de la pré-production se sont résolus d’eux-mêmes en condition de tournage (dont la fameuse scène où Marion enfile une robe offerte par Belloq et tente de s’enfuir). Dans Les Incorruptibles, la grande scène de la gare n’était pas prévue à l’origine. Elle a été tournée en remplacement d'une scène de course-poursuite train-voiture non produite pour raison de budget. De Palma s’est donné trois jours-trois nuits pour la remplacer. En France, le champion toute catégorie de cette règle reste Jean-Pierre Mocky. « Quoi qu’il arrive, le plus dur, c’est de lancer un tournage. N’annulez rien, voyez sur place. »

Dans Le Dernier combat, aussi produit par l’association Carpeta, cet adage fonctionne aussi. La scène d’ouverture nous montre un boxeur jeune, dans un vestiaire, 20 ans avant le propos principal de l’histoire. Une scène simple pour laquelle il nous avait fallu deux mois de préparation pour dégotter le « bon client » pour jouer notre héros jeune. C’était le dernier tournage, déjà maintes fois retardé. Seulement voilà. Deux jours avant de shooter, le figurant pour jouer notre boxeur annule. Que faire ? Tout reporter et retarder le tournage… encore ? On n’en a rien fait. Perchiste, acteur… personne n’a été prévenu. Nous avons fait « comme si ». Le jour même, quinze minutes avant de commencer, on est tombé sur un boxeur amateur anglais dans la salle de sort juste à côté. Gabarit, dégaine… tout correspondait. « Ça te dirait de jouer dans un film ? » Dix minutes plus tard, on commençait à tourner, à l’heure, comme si de rien n’était. 50% d’un tournage se prépare avec un papier et un crayon sur un bureau. 30%, c’est de la motivation collective, qui prend ou pas. Les 20% restants ? Les 20% restants… Personnellement, je suis devenu superstitieux le jeudi 1er mai 2008. Le premier jour de tournage des Périls de Charles Jude.

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